ENTRETIEN
Alors qu’est sur le point d’être annoncée la nouvelle saison du Bateau-Lune, c’est dans les coulisses du Théâtre que nous avons rencontré notre directeur pour un petit échange informel, retranscrit ici :
Jean Chollet, vous sortez de la dernière représentation de la saison. Une première saison couronnée de succès si l’on en croit le taux de fréquentation moyen de 95% sur l’ensemble des dates, et ce malgré l’ombre du Covid-19 qui a plané sur la majeure partie de la saison. Quel est votre sentiment ce soir, alors que les projecteurs viennent de s’éteindre sur cette incroyable première saison ? Pari réussi ?
Oui pari réussi ! Mais pas tellement sur l’absence du COVID, mais sur l’intuition qu’il y avait de la place pour un théâtre de poche à Cheseaux, aussi bien pour inviter les citadins à « monter » à la campagne que pour y inviter les habitants de la campagne – et notamment du Gros-de-Vaud – maintenant qu’il y a un théâtre à proximité.
Vous venez d’annoncer le programme de la nouvelle saison qui démarre le 30 septembre prochain. Vous sentez-vous sous pression après un tel succès ?
Evidemment ! On se dit toujours « comment faire mieux ? ». L’exercice paraît presque impossible. Mais dans ces cas-là, je me souviens toujours de cette grande phrase de René Morax : « Le génie, c’est de continuer ».
Comment se fabrique une saison pour un théâtre de poche comme le Bateau-Lune ?
Une saison tient compte de beaucoup d’éléments. D’abord, un programme diversifié, dans lequel il y a essentiellement du théâtre certes, mais « pas que ». Ensuite, un équilibre entre des spectacles qui donnent à réfléchir (« Un Juif pour l’exemple », ou « Une farouche liberté ») et ceux qui permettent de passer un « bon moment », sans autre prétention.
Ensuite, une programmation qui permette de toucher des jeunes, voire des très jeunes, avec « Fablabla » ou « Bout d’ficelle » autant que des plus âgés… avec également des spectacles « famille » comme « Le drôle de Nöel de Monsieur Scrooge ».
Et puis finalement, il faut tenir compte du porte-monnaie. Et ce n’est pas une mince affaire.
Quelle différence avec un théâtre comme celui du Jorat ou des Terreaux dont vous avez tenu le gouvernail pendant si longtemps ?
C’est l’incroyable proximité entre spectateurs et acteurs. Au fond, dans un théâtre de poche, les spectateurs sont presque sur le plateau ! Les spectateurs qui ont aimé « Il était toujours Audrey Hepburn » aux Terreaux … ont adoré le spectacle au Bateau-Lune !
Construire une programmation pour un théâtre de poche comme le Bateau-Lune, c’est donc permettre et privilégier l’intime.
Cette année, fidèle à votre ligne, vous proposez à votre public un mélange de créations et de spectacles invités. Quels sont vos coups de cœurs ?
Joker. Je ne réponds jamais à ce genre de question. Parce que j’ai envie de dire : s’ils sont là, c’est que ce sont tous des coups de cœur.
Pour la deuxième année consécutive, vous réservez encore une fois une jolie place aux spectacles jeune public en proposant 3 pièces qui leur sont spécialement dédiés. N’est-ce pas risqué en 2022 alors que les jeunes sont réputés être de plus en plus attachés à leurs écrans et avoir un niveau d’attention à la baisse ?
J’avais un peu ce type de crainte en début de saison et lorsque j’ai vu qu’on doublait la « Princesse aux petits pets » et qu’on aurait pu ajouter des représentations à « Bout d’ficelle » … je me dis qu’il y a un véritable public pour ce type de spectacles.
Vous passez l’été en Avignon, dans un espace que vous avez créé il y a quelques années. Est-ce une manière pour vous d’aller y faire votre marché et nourrir vos saisons prochaines ?
Pas véritablement. Parce que, compte tenu des modestes moyens du Bateau-Lune, je préfère consacrer l’argent aux artistes et non aux transports et défraiements d’artistes étrangers. En revanche, c’est essentiel pour moi de me plonger chaque année dans ce très gros festival : pour rester ouvert, pour découvrir sans cesse, pour être stimulé…
Jeune retraité, vous ouvrez un nouveau théâtre, portez un théâtre en Avignon pendant le Festival OFF, écrivez, mettez en scène, jouez, partez en tournée avec vos créations, faites la région lumière au besoin…. Où trouvez-vous l’énergie pour mener de front, gérer toutes ces casquettes ?
Honnêtement, je ne sais pas … sinon que le théâtre est une véritable passion chez moi qui ne m’a pas quitté depuis plus de 50 ans et que j’ai le sentiment que je n’arrêterai que lorsque mes possibilités physiques ne me suivront plus.…
Oui pari réussi ! Mais pas tellement sur l’absence du COVID, mais sur l’intuition qu’il y avait de la place pour un théâtre de poche à Cheseaux, aussi bien pour inviter les citadins à « monter » à la campagne que pour y inviter les habitants de la campagne – et notamment du Gros-de-Vaud – maintenant qu’il y a un théâtre à proximité.
Vous venez d’annoncer le programme de la nouvelle saison qui démarre le 30 septembre prochain. Vous sentez-vous sous pression après un tel succès ?
Evidemment ! On se dit toujours « comment faire mieux ? ». L’exercice paraît presque impossible. Mais dans ces cas-là, je me souviens toujours de cette grande phrase de René Morax : « Le génie, c’est de continuer ».
Comment se fabrique une saison pour un théâtre de poche comme le Bateau-Lune ?
Une saison tient compte de beaucoup d’éléments. D’abord, un programme diversifié, dans lequel il y a essentiellement du théâtre certes, mais « pas que ». Ensuite, un équilibre entre des spectacles qui donnent à réfléchir (« Un Juif pour l’exemple », ou « Une farouche liberté ») et ceux qui permettent de passer un « bon moment », sans autre prétention.
Ensuite, une programmation qui permette de toucher des jeunes, voire des très jeunes, avec « Fablabla » ou « Bout d’ficelle » autant que des plus âgés… avec également des spectacles « famille » comme « Le drôle de Nöel de Monsieur Scrooge ».
Et puis finalement, il faut tenir compte du porte-monnaie. Et ce n’est pas une mince affaire.
Quelle différence avec un théâtre comme celui du Jorat ou des Terreaux dont vous avez tenu le gouvernail pendant si longtemps ?
C’est l’incroyable proximité entre spectateurs et acteurs. Au fond, dans un théâtre de poche, les spectateurs sont presque sur le plateau ! Les spectateurs qui ont aimé « Il était toujours Audrey Hepburn » aux Terreaux … ont adoré le spectacle au Bateau-Lune !
Construire une programmation pour un théâtre de poche comme le Bateau-Lune, c’est donc permettre et privilégier l’intime.
Cette année, fidèle à votre ligne, vous proposez à votre public un mélange de créations et de spectacles invités. Quels sont vos coups de cœurs ?
Joker. Je ne réponds jamais à ce genre de question. Parce que j’ai envie de dire : s’ils sont là, c’est que ce sont tous des coups de cœur.
Pour la deuxième année consécutive, vous réservez encore une fois une jolie place aux spectacles jeune public en proposant 3 pièces qui leur sont spécialement dédiés. N’est-ce pas risqué en 2022 alors que les jeunes sont réputés être de plus en plus attachés à leurs écrans et avoir un niveau d’attention à la baisse ?
J’avais un peu ce type de crainte en début de saison et lorsque j’ai vu qu’on doublait la « Princesse aux petits pets » et qu’on aurait pu ajouter des représentations à « Bout d’ficelle » … je me dis qu’il y a un véritable public pour ce type de spectacles.
Vous passez l’été en Avignon, dans un espace que vous avez créé il y a quelques années. Est-ce une manière pour vous d’aller y faire votre marché et nourrir vos saisons prochaines ?
Pas véritablement. Parce que, compte tenu des modestes moyens du Bateau-Lune, je préfère consacrer l’argent aux artistes et non aux transports et défraiements d’artistes étrangers. En revanche, c’est essentiel pour moi de me plonger chaque année dans ce très gros festival : pour rester ouvert, pour découvrir sans cesse, pour être stimulé…
Jeune retraité, vous ouvrez un nouveau théâtre, portez un théâtre en Avignon pendant le Festival OFF, écrivez, mettez en scène, jouez, partez en tournée avec vos créations, faites la région lumière au besoin…. Où trouvez-vous l’énergie pour mener de front, gérer toutes ces casquettes ?
Honnêtement, je ne sais pas … sinon que le théâtre est une véritable passion chez moi qui ne m’a pas quitté depuis plus de 50 ans et que j’ai le sentiment que je n’arrêterai que lorsque mes possibilités physiques ne me suivront plus.…