ORATORIO DE NOËL

du 17 au 22 décembre 2023

Musique classique

Nous sommes à Leipzig, en 1734. Bach assume la charge de Kantor depuis un peu plus de 10 ans. Ce qui signifie que depuis plus de 10 ans, il compose une cantate par semaine, auxquelles s’ajoutent des musiques de fêtes, des passions et, en 1734, l’Oratorio de Noël, un oratorio qui raconte en six cantates, l’ensemble de l’histoire biblique de Noël.

Avec l’Oratorio de Noël présenté à l’Eglise de Cheseaux du 17 au 22 décembre prochains, dans un effectif de chambre, c’est l’occasion de découvrir – ou de redécouvrir – la musique initiale imaginée par Bach, bien avant les réalisations gigantesques qui ont émaillé le 19e siècle et le début du 20e. Chaque instrument y est soliste, chaque chanteur l’est aussi. Une véritable « dentelle musicale ».

Pour l’Oratorio de Noël peut-être plus que pour toute autre composition de Bach, Cioran avait bien raison de dire: « S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu ».

ENTRETIEN AVEC ANNE CHOLLET,
DIRECTRICE ARTISTIQUE DU PROJET

Anne Chollet, vous proposez, pour ce mois de décembre, une version de l’Oratorio de Noël de JS BACH, présentant de larges extraits des trois premières cantates, dans une version inédite puisqu’il n’y aura pas de chœur. Pourquoi ce choix ?

Non seulement, il n’y aura pas de chœur, en effet, mais l’effectif instrumental sera une formation « de poche » avec 7 instrumentistes, et sans chef ! Ce sera un Oratorio, version musique de chambre. Pourquoi ce choix ? Pour s’adapter à la taille de l’église de Cheseaux qui n’est pas tout-à-fait une cathédrale ! Plus sérieusement, Bach était un champion des arrangements et autres transcriptions en tous genres. Je pense notamment aux concerti de Vivaldi qu’il a adapté pour orgue seul. En ce qui concerne l’Oratorio, il a également fait preuve de cette extraordinaire faculté, puisque l’essentiel des airs et plusieurs chœurs ne sont pas des œuvres originales, mais adaptées de compositions plus anciennes. Quand on sait qu’à Leipzig, il devait écrire une œuvre nouvelle (un motet ou une cantate) pour chaque dimanche de l’année, on comprend combien ce génie de l’adaptation lui a été précieux, voir vital, pour gagner en efficacité !

Pour les instrumentistes, qui seront tous solistes, vous avez choisi des musiciens particulièrement chevronnés. Pouvez-vous nous parler de quelques-uns d’entre eux ?

En effet, qui dit musique de chambre dit musicien « à découvert », impossible de se cacher dans la masse ! L’avantage étant que chacun se sent hyper motivé ! Pour celles et ceux qui ont assisté à l’un ou l’autre rendez-vous proposés par « Cantate et Parole » à Lausanne, certaines têtes ne leur seront pas inconnues. Nous avons le privilège de pouvoir compter sur de jeunes musiciens talentueux et enthousiastes, ce qui est un véritable cadeau. Je ne vais pas vous parler des 7 artistes, ce serait trop long…. Mais je peux vous en présenter quelques uns.

Tout d’abord, par exemple, Justin LAMY, violoniste, qui nous vient du Canada où il fait ses premières études instrumentales ; il est ensuite venu en Suisse pour faire un premier master à Lausanne, puis un deuxième à Berne, et le voilà à la direction de sa propre école et de son festival, dans le canton du Valais, terre qui lui rappelle sans doute son Canada natal et son amour des montagnes !

Je peux vous parler également de David MERCIER, trompettiste, mais aussi à l’aise au cor des alpes. Avec son cor, justement, Il a fait un tabac dans les rues d’Avignon lorsqu’il a participé au spectacle « le Fils maudit », que j’ai monté avec Jean Chollet, mon frère, et qui a été aussi joué un peu partout en Suisse romande ! Son activité musicale est multiple : outre l’enseignement, il se produit en duo, trio, quintette, brass band, divers orchestres, alpenmusik.

Pour le chant, nous retrouverons par exemple Valérie PELLEGRINI. Enfant, alors qu’elle suit la Maîtrise du Conservatoire de Musique de Genève, elle fait ses premiers pas sur la scène du Grand-Théâtre de Genève en tant que soliste dans l’opéra Les Enfants du Levant dirigé par Philippe Béran. elle mène actuellement une carrière pour laquelle elle se dit curieuse de tout, et surtout de projets originaux !

Pierre ARPIN, quant à lui, a débuté enfant à la Maîtrise du Conservatoire Populaire de Genève. Après avoir étudié le chant à la Haute École de Musique de Genève auprès de Stuart Patterson, il poursuit actuellement ses études professionnelles auprès de Reginaldo Pinheiro à la Musikhochschule de Freiburg im Breisgau. Parallèlement, il fait partie de l’Ensemble Vocal de Lausanne et des ensembles genevois Les Argonautes, Gli Angeli et l’Ensemble Vocal de Poche. Encore un passionné !

Vous allez donner ce concert à trois reprises, en peu de jours. C’est particulier pour des musiciens. Est-ce que cela vous réjouit ou vous stresse ?

Contrairement aux comédiens, qui créent des spectacles voués à être joués à plusieurs reprises, voire en tournée, les musiciens montent souvent des programmes très exigeants pour un seul concert, une représentation unique. Le fait de pouvoir le donner trois fois est un pur bonheur. Et nous nous réjouissons de pouvoir le partager avec le public !

Retrouvez la présentation de tous les solistes sur notre page Facebook.

DÉCEMBRE 2023

ÉGLISE DE CHESEAUX

DI 17, 17h
JE 21, 20h
VE 22, 20h

UNE SOIRÉE DE DÉCEMBRE, DANS LA FAMILLE BACH

Ou comment Wilhelm Friedemann Bach, le fils aîné de Jean-Sébastien, découvrit l’Oratorio de Noël.

« Parfois le soir, en famille, nous jouions à ce que nous appelions les « devinettes ». Papa se mettait au clavecin. Il interprétait un thème qu’il venait de composer et les plus jeunes enfants, renseignés par lui, mimaient ce que cette musique leur inspirait tandis que nous, les grands, spectateurs attentifs et amusés, nous devions dire de quoi il s’agissait. Certaines devinettes étaient relativement faciles, comme tout ce qui se rapportait à la Nativité par exemple. Notre père égrenait quelques thèmes de ce qui deviendrait plus tard l’Oratorio de Noël. Une de mes jeunes sœurs, à genoux, exécutait les gestes d’emmailloter et de coucher l’enfant dans une crèche, puis se penchait, dans une attitude particulièrement contemplative. Quelqu’un disait « C’est Marie ». Et l’actrice en herbe sautait sur ses pieds, émerveillée. « Oui, c’est cela ».
D’autres extraits que mon père interprétait, étaient beaucoup plus complexes. Il multipliait alors les signes, les allusions … mais nous restions cois. Jusqu’à ce qu’il nous révèle le sujet d’un thème que nous ne connaissions pas encore.
C’est ainsi que l’Oratorio de Noël nous a été présenté, à nous ses enfants, par bribes, par allusions, par thèmes, pendant tout le temps qui précédait Noël. Vous imaginez dès lors le bonheur de le découvrir, à l’église, dans toute sa splendeur ! »
Extraits de « A sa seule gloire »,
de Georges Piroué, 1984

MUSIQUE

Jean-Sébastien BACH
Cantates 1, 2 (extraits) et 3

 

DIRECTION ARTISTIQUE

Anne CHOLLET

 

VOIX

Fanny UTIGER, soprano
Valérie PELLEGRINI, alto
Pierre ARPIN, ténor
Simon RUFFIEUX, basse

INSTRUMENTS

Justin LAMY, violon
Samuel RAMOS, contrebasse
Yu-Hsuan KUO, flûte
Faustine MÉDEVILLE, hautbois
David MERCIER, trompette
Marilyne MUSY, timbales
Anne CHOLLET, orgue

Saison 2023 | 2024